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5 décembre 2011 1 05 /12 /décembre /2011 23:52

"Je pense donc je suis", affirmait Descartes. Les dernières avancées de la science ont montré que mieux ressentir, c’est aussi mieux penser.

La raison d’un côté, les émotions de l’autre. Au mieux, il s’agit d’une paisible cohabitation : connectées à nos sensations, les émotions nous permettent de ressentir de la joie face à la beauté d’un paysage, par exemple, tandis que la raison se charge des facultés cognitives dites «supérieures» (abstraction, intellect, déduction, raisonnement…). Au pire, les relations sont orageuses, les émotions brouillant la lucidité et entravant la prise de décision. Dans les deux cas, les territoires sont bien distincts. C’est sur cette idée tenace que s’est construite notre civilisation occidentale.

Fantasme rationaliste

Le divorce entre les deux hémisphères de notre cerveau est en effet de l’histoire ancienne. Pour Platon déjà, les passions étaient le signe de la démesure, voire de la folie. La culture judéo-chrétienne renforce cette conception qui trouve, au 17ème siècle, un avocat de choix en la personne de René Descartes. Pour le philosophe et mathématicien français, l’homme doit s’appuyer sur la raison seule pour comprendre le monde : «Je pense donc je suis», et non «Je ressens donc je suis».

«Ce fantasme rationaliste a été conforté par les tragédies du 20ème siècle, analyse Michel Lacroix, auteur de "Se réaliser. Petite philosophie de l’épanouissement personnel" (Marabout). Les totalitarismes allemand et italien, notamment, ont su exacerber et exploiter les passions les plus primaires des foules, avec les conséquences que l’on sait.» Ce sont les neurosciences – l’étude scientifique du système nerveux – qui, il y a une cinquantaine d’années seulement, ont remis en cause la traditionnelle séparation établie entre raison et émotions.

Dialogue permanent

En 1994, Antonio Damasio, professeur de psychologie et de neurologie à l’université de Californie du Sud, lance un pavé dans la mare avec un livre au titre provocateur : «L’Erreur de Descartes». En étudiant des patients incapables de ressentir certaines émotions après des lésions cérébrales, le chercheur constate qu’il leur est également impossible de prendre des décisions rationnelles. «Sans émotions, nos raisonnements sont biaisés et nos choix les plus simples peuvent déboucher sur des décisions aberrantes», conclut-il.

Une affirmation qui se fonde sur une observation minutieuse du fonctionnement du cerveau : le cortex, siège de la raison, et le tronc cérébral, centre névralgique des émotions, sont en dialogue permanent. Le cortex nous confère des capacités de mémoire, de raisonnement et de langage. Le tronc cérébral nous permet de faire exactement les mêmes choses, mais à un niveau plus simple, plus basique.

Les observations de Damasio fournissent une base scientifique à un concept apparu au même moment chez les spécialistes du management et du développement personnel : l’intelligence émotionnelle. Développée par le psychologue américain Daniel Goleman, cette notion réconcilie, elle aussi, raison et émotions, en insistant sur le fait que les capacités intellectuelles ne suffisent pas à mesurer l’intelligence : celle-ci dépend non seulement de notre faculté à comprendre les situations mais aussi de notre aptitude à les ressentir. Une nouvelle mesure de l’intelligence – le quotient émotionnel – vient compléter le quotient intellectuel.

Voile et gouvernail

Dans les entreprises, les émotions ont maintenant leur place. Rares sont les DRH qui négligent cette composante de la personnalité. Les grandes écoles de commerce et de management l’ont d’ailleurs prise en compte dans leurs cursus. Dominique Roux, le directeur du magistère de sciences de gestion à l’université Paris-Dauphine, vient ainsi de signer un partenariat avec la Comédie-Française.
«Les artistes et leur vision du monde ont beaucoup à nous apprendre», reconnaît-il. Ses étudiants assistent aux répétitions et aux spectacles du comédien Bruno Raffaelli, puis discutent de la pièce avec l’artiste. Une option notée qui permet aux élèves de développer leurs émotions dites sociales, notamment la confiance en soi et l’ouverture aux autres.

Même dans les sciences «dures», où la logique et la rationalité sont reines, plus personne ne conteste que nombre de grandes découvertes ont eu pour origine des émotions violentes telles que des obsessions, des coups de cœur ou des angoisses. «Einstein faisait des rêves semi-éveillé durant lesquels il s’imaginait tomber en chute libre : les prémisses de sa théorie de la relativité», raconte le physicien Etienne Klein, directeur de recherches au Commissariat à l’énergie atomique. Ce qui ne signifie pas faire fi des capacités de raisonnement. «La science est comparable à un bateau qui utiliserait l’imagination comme voile et la raison comme gouvernail», précise Etienne Klein.

L’Eglise, longtemps dans une posture plus que méfiante vis-à-vis des débordements de l’âme, a à son tour nuancé sa position. «Nous étions peut-être trop cérébraux, confie monseigneur Bernard Podvin, président de la Conférence des évêques de France. Les émotions doivent être replacées à une juste place : il ne faut ni les mépriser ni se laisser submerger par elles.»

Pécher par excès

Que de chemin parcouru depuis Descartes ! Les émotions sont désormais reconnues comme les véritables leviers de la pensée. Est-ce leur accorder trop d’importance ? «Le rationalisme a péché par excès, il ne faudrait pas qu’on entre dans une ère d’"émotionalisme", avertit Michel Lacroix. La publicité, les médias font constamment appel à nos pulsions, provoquant accoutumance et lassitude.» Il serait dommage, en effet, que trop d’émotion finisse par tuer l’émotion.

De Virginie Riva
Article tiré de « Capital.fr » du 19/05/2011


Un article qui m'a plu, pour le partager et débattre pourquoi pas 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 21:48

Le devin Tirésias, très réputé à travers les villes d'Aonie, faisait à ceux qui le consultaient des réponses infaillibles.

La première à éprouver la fiabilité de sa parole fut Liriopé, la Nymphe bleue, qu'un jour le dieu fleuve Céphise avait emportée dans ses tourbillons et violée. Très jolie, la Nymphe, devenue grosse, avait mis au monde un enfant, qui déjà à ce moment pouvait inspirer l'amour, et elle l'appela Narcisse.

Consulté pour savoir si cet enfant connaîtrait les temps lointains d'une vieillesse épanouie, le devin prophète déclara : « Narcisse vivra très vieux à condition qu'il ne se voie jamais ».

Longtemps la parole de l'augure parut infondée. L'issue de l'histoire, le genre de mort et l'étrange folie de Narcisse prouvent sa véracité.

A ses quinze ans, le fils du Céphise avait ajouté une année et pouvait passer pour un enfant ou pour un jeune homme. Nombre de jeunes garçons et nombre de filles le désiraient mais il avait, alliée à sa tendre beauté, tant de dureté orgueilleuse, que ni les garçons, ni les jeunes filles ne purent l'émouvoir.

Un jour qu'il poussait vers ses filets des cerfs apeurés, une Nymphe à la voix sonore l'aperçoit.

Devant un interlocuteur, elle ne sait ni se taire ni parler la première, c'est Echo « la résonnante ». Jusqu'alors, Echo avait un corps, non une simple voix, et pourtant, cette bavarde ne se servait pas autrement de sa bouche que maintenant : elle ne pouvait que répéter les tout derniers mots d'une longue phrase. C'était une punition d’Héra. Comme souvent, dans la montagne, Héra risquait de surprendre des Nymphes couchées avec son Zeus, Echo, avec sagacité, retenait la déesse par un long entretien pour permettre aux Nymphes de fuir. Quand celle-ci s'en aperçut elle lui dit : « Sur ta langue qui m'a abusée, tu auras seulement un pouvoir réduit et un usage très limité de ta voix ». Elle exécute ses menaces. Toutefois, la Nymphe répète les sons qui terminent une phrase, et reproduit les mots qu'elle a entendus.

Or, donc, dès qu'elle vit Narcisse errant dans des terrains vagues, elle brûla d'amour pour lui et se mit à le suivre à la dérobée.

Et plus elle le suit, plus elle brûle en approchant la flamme : ainsi le soufre dont on a enduit le sommet des torches capte avec vivacité la flamme qu'on approche. Que de fois elle a voulu l'aborder avec des mots caressants et lui adresser de tendres prières ! Sa nature s'y refuse, ne lui permet pas de commencer, mais, elle est prête, chose permise, à attendre les sons auxquels elle renvoie ses propres mots.

Un jour, le jeune homme, séparé de ses fidèles compagnons, avait dit : « Il y a quelqu'un ? », et Echo avait répondu « quelqu'un ». Stupéfait, et tout en dirigeant partout ses regards, « Viens », crie-t-il d'une voix forte. Elle renvoie un appel à son appel. Il se retourne, et ne voyant venir personne, il reprend : « Pourquoi me fuis-tu ? », et entend autant de mots qu'il a prononcés. Il continue et, abusé par ces voix qui semblent se répondre, « Rejoignons-nous », dit-il, et Echo, qui jamais ne pourrait avoir son plus agréable à renvoyer, répondit : « Rejoignons-nous ».

Enchantée par ses paroles, elle sortit de la forêt pour aller entourer de ses bras le cou tellement désiré. Mais lui, il s'enfuit et dans sa fuite dit : « Enlève tes mains qui me serrent ! Je mourrai avant que tu ne disposes de moi » ; elle ne put que répondre : « que tu ne disposes de moi ! »

Rejetée, elle se cache dans les bois, dissimule sous les feuilles son visage honteux et, depuis lors, vit solitaire dans des grottes. Pourtant son amour persiste, accru par la douleur du rejet. Les soucis épuisent son pauvre corps qui ne trouve pas le sommeil ; la maigreur plisse sa peau et toute la sève de son corps disparaît dans l'air. Il ne lui reste que la voix et les os : sa voix subsiste, et on dit que ses os ont l'aspect de la pierre. Depuis, elle se cache dans les forêts, invisible dans la montagne, mais tout le monde l'entend : elle est le son qui vit en elle.

Ainsi Narcisse s'était-il joué d'Echo et d'autres Nymphes issues des eaux ou des montagnes, de même que de groupes de garçons.

Un jour, Narcisse envoya, une épée à Ameinias, le plus tenace de ses soupirants. Celui-ci se tua de désespoir avec ce présent devant la porte de Narcisse en faisant appel aux Dieux pour venger sa mort : « Puisse-t-il tomber amoureux lui-même et ne pas posséder l'être aimé ! ». La déesse Artémis approuva cette juste prière.

Il existait une source limpide, aux ondes brillantes et argentées ; ni bergers ni chèvres paissant dans la montagne ni autre troupeau ne l'avaient touchée ; nul oiseau, nulle bête sauvage, nul rameau mort ne l'avaient troublée. Elle était entourée d'un gazon nourri de l'eau toute proche, et cet endroit, la forêt ne laisserait aucun soleil l'échauffer.

Ici, Narcisse, épuisé par une chasse animée sous la chaleur, se laisse tomber, séduit par l'aspect du site et par la source, et tandis qu'il désire apaiser sa soif, une autre soif grandit en lui : en buvant, il est saisi par l'image de la beauté qu'il aperçoit. Il aime un espoir sans corps, prend pour corps une ombre. Il est ébloui par sa propre personne et, visage immobile, reste cloué sur place, telle une statue en marbre de Paros. Couché par terre, il contemple deux astres, ses propres yeux, et ses cheveux, dignes de Dionysos, dignes même d'Apollon, ses joues d'enfant, sa nuque d'ivoire, sa bouche parfaite et son teint rosé mêlé à une blancheur de neige. Admirant tous les détails qui le rendent admirable, sans le savoir, il se désire et, en louant, il se loue lui-même. Quand il sollicite, il est sollicité. Il embrase et brûle tout à la fois. Que de fois il a donné de vains baisers à la source fallacieuse, que de fois il a plongé ses bras au milieu des ondes pour saisir la nuque entrevue, sans se capturer dans l'eau !

Narcisse par Le Caravage vers 1595                                                          Illustration - Narcisse par Le Caravage vers 1595

Il ne sait ce qu'il voit, mais ce qu'il voit le consume, et l'erreur qui abuse ses yeux en même temps les excite. Naïf, pourquoi chercher en vain à saisir un simulacre fugace ? Ce que tu désires n'est nulle part. Détourne-toi, tu perdras ce que tu aimes ! Cette ombre que tu vois est le reflet de ton image : elle n'est rien en soi. Elle est venue avec toi et reste avec toi ; avec toi elle s'éloignera, si du moins tu pouvais t'éloigner !

Ni le souci de Déméter, ni le besoin de repos ne peuvent le tirer de cet endroit. Mais, couché dans l'herbe sombre, il contemple d'un œil insatiable cette beauté trompeuse et ses propres yeux le perdent. Se soulevant légèrement, il tend les bras vers les forêts qui l'entourent et dit :

« Ô forêts, est-il un être qui ait vécu un amour plus cruel ? Vous le savez, vous qui avez si bien caché tant d'amants. Vous souvenez-vous, puisque vous vivez depuis tant de siècles, que, durant cette longue période, quelqu'un se soit ainsi consumé ? Il me plaît et je le vois ; mais ce que je vois et qui me plaît je ne puis l'atteindre pourtant. Si grand est l'égarement d'un amant. Et raison de plus à ma douleur, il n'y a pour nous séparer ni vaste mer, ni route, ni monts, ni murailles aux portes closes. Un peu d'eau nous fait obstacle ! Lui aussi souhaite mon étreinte car chaque fois que j'ai tendu mes lèvres vers les eaux limpides, chaque fois il se tend vers moi, le visage tourné vers le haut. Je crois pouvoir le toucher, un très mince filet d'eau sépare les amants. Qui que tu sois, viens ici ! Pourquoi me décevoir, enfant sans pareil ? Où t'en vas-tu quand je t'appelle ? Certes, ce ne sont ni ma beauté ni mon âge que tu fuis, moi que même des Nymphes ont aimé ! Ton aimable visage me promet je ne sais quel espoir, et, lorsque je tends les bras vers toi, spontanément tu tends les tiens. A mes sourires, tu souris en retour. Souvent même j'ai vu tes larmes quand je pleurais. D'un geste de la tête, tu réponds à mes signes et pour autant que je le devine au mouvement de tes jolies lèvres, tu renvoies des mots qui ne parviennent pas à mes oreilles ! Cet être, c'est moi : j'ai compris, et mon image ne me trompe pas. Je me consume d'amour pour moi : je provoque la flamme que je porte. Que faire ? Me laisser implorer ou implorer ? Que demander, du reste ? L'objet de mon désir est en moi. Ma richesse est aussi mon manque. Ah ! Que ne puis-je me séparer de mon corps ! Vœu inattendu de la part d'un amant, je voudrais que s'éloigne l'être que j'aime. Déjà la douleur m'ôte mes forces, le temps qui me reste à vivre n'est pas long, et je m'éteins dans la fleur de l'âge. Du reste, la mort ne m'est pas pénible. Dans la mort, je cesserai de souffrir. Cet être que j'aime, je voudrais qu'il ait vécu plus longtemps. Maintenant unis à deux par le cœur, nous mourrons d'un seul souffle. »

Il parla et, privé de bon sens, il revint vers la même image, troublant l'eau de ses larmes, et, avec l'agitation de la fontaine la forme s'obscurcit. Lorsqu'il la vit disparaître, il s'écria : « Où t'enfuis-tu ? Reste, cruel, n'abandonne pas ton amant ! Qu'il me soit permis de contempler ce qu'il m'est impossible de toucher, et de nourrir ainsi ma misérable folie ! »


Et tout en pleurant, il fit tomber le haut de son vêtement et frappa sa poitrine dénudée de ses mains marmoréennes. Les coups portés donnèrent à son torse une teinte rosée ainsi souvent des fruits, pâles d'un côté, rosissent de l'autre, ainsi d'habitude les grappes de raisin aux tons changeants se colorient de pourpre, déjà avant d'être mûres.

Narcisse et Echo par John William Waterhouse 1903
                                              Illustration - Narcisse et Echo par John William Waterhouse 1903


Dès qu'il se vit ainsi dans l'onde redevenue lisse, il ne le supporta pas plus longtemps. Comme la cire blonde se met à fondre près d'un feu léger et comme le givre du matin se dissipe sous un tiède soleil, ainsi, exténué par son amour, il se dissout et peu à peu devient la proie d'un feu caché. Déjà son teint n'a plus une blancheur mêlée de rose.

La vigueur et les forces et tout ce qui naguère charmait la vue, le corps qu'autrefois avait aimé Echo, tout cela n'existe plus. Celle-ci, bien qu’elle n’eût pas pardonnée à Narcisse, souffrait avec lui. Elle répéta, en écho à sa voix « Hélas ! Hélas ! » quand il se plongea un poignard dans la poitrine. Et elle redit aussi sa dernière phrase au moment où il expirait « O toi, jeune homme que j’ai vainement aimé, adieu ! »

Il laissa tomber sa tête fatiguée dans l'herbe verte, la mort ferma les yeux qui admiraient encore la beauté de leur maître. Même après son accueil en la demeure infernale, il se contemplait dans l'eau du Styx.

Ses sœurs, les Naïades, se lamentèrent et déposèrent en pleurant sur leur frère leurs cheveux coupés. Echo répercuta leurs gémissements. Déjà elles préparaient le bûcher, les torches et le brancard funèbres mais nul corps ne fut retrouvé. Au lieu de celui-ci, à l’endroit où avait coulé le sang de Narcisse, elles trouvèrent une fleur au cœur couleur de safran, entourée de pétales blancs.

Narcice - la metamorphose de Narcisse de Dali 1937
                                           Illustration de Dali - La métamorphose de Narcisse - 1937

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 17:11

Je viens de réussir à mettre un compteur sur la page. Je n'ai pu mettre à jour que le nombre de visites par rapport aux statistiques d'hier ainsi que les nombres de pages vues. La date du compteur est celle de sa mise en place, ça fait un peu bizarre aujourd'hui mais avec le temps, ça ne devrait pas choquer 

Il y a, à ce jour, 14 connections sur le total qui viennent de moi et le nombre élévé des pages vues est en partie du à moi aussi (depuis le 14 novembre et surtout au début, j'ai beaucoup fait d'actualisation de pages pour juger du rendu des modifications, il faudra que je limite cela à l'avenir car il suffit que je visualise avant de publier pour que ça ne se comptabilise pas et pour ne pas fausser les pages vues).

C'est un constat que je fais avec le type de compteur que j'ai choisi. Il compte les visites par personnes et non par connexion donc si elles viennent plusieurs fois le même jour, ça comptera pour un, moi y compris (j'ai testé, c'est bon).

Je ne suis pas sure qu'il soit trés fiable quand même mais ça remonte le moral de voir quelques chiffres de fréquentations, c'est bête et ça ne fait de mal à personne 


Petit rajout quelques heures plus tard.
Je viens de mettre un nouveau compteur afin de l'observer car l'autre évolué de façon bizarre.

2 visites depuis qu'il était mis et avec un cumul de presque 10 sur le total, ça m'intrigue

Alors, j'ai mis à 0 le nombre de page et commencé le compteur à 72 (68 hier + 2 avant de mettre le compteur déterminés grâce aux coms et 2 qui était depuis que j'ai mis le premier compteur).
Je vais observer son comportement maintenant  

Ok, je crois avoir compris son fonctionnement.
Le compteur par jour prend en compte chaque personne différente pour la journée. Si une même personne vient 10 fois le même jour, ça ne sera pas pris en compte, par contre, ses connexions multiples seront comptabilisé dans le compteur total.

Je vais faire encore un test avec un nouveau compteur en laissant tout à 0. Aprés, j'arrêterai les observations et me contenterais de celui-là.

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 23:45

Ce soir, enfin, en ce moment en tout cas et depuis tout à l'heure, je n'ai pas envie de déposer des choses sur le profils. Besoin d'une pause ? fatigue surement. Bon, il n'est pas exclu que je change d'avis plus tard

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 23:35
    Le Joueur de flûte de Hamelin (Der Rattenfänger von Hameln) est une légende allemande, transcrite notamment par Prosper Mérimée en 1829.
En s’inspirant de la version des frères Grimm, Mérimée raconte cette histoire dans Les Reîtres, premier chapitre des Chroniques du règne de Charles IX.
Dans le récit de Prosper Mérimée, Le Joueur de flûte de Hamelin est raconté par la bohémienne Mila à Mergy et au Capitaine.
Pour une lecture plus aisée, ce texte a été légèrement adapté, en enlevant les passages relatant les dires et actions des trois personnages extérieurs au conte.


source : pedagogie.ia84.ac-aix-marseille.fr/litt/docs-litt/- joueurflute.pdf

Cornacchia Draniki-copie-1Illustration de Cornacchia


Il y a bien des années, les gens de Hameln furent tourmentés par une multitude innombrable de rats qui venaient du Nord, par troupes si épaisses que la terre en était toute noire et qu'un charretier n'aurait pas osé faire traverser à ses chevaux un chemin où ces animaux défilaient.
Tout était dévoré en moins de rien et dans une grange, c'était une moindre affaire pour ces rats de manger un tonneau de blé que ce n'est pour moi de boire un verre de ce bon vin.

(…) Souricières, ratières, pièges, poison étaient inutiles. On avait fait venir de Bremen un bateau chargé de onze cents chats, mais rien n'y faisait. Pour mille qu'on en tuait, il en revenait dix mille et plus affamés que les premiers.

Bref, s'il n'était venu remède à ce fléau, pas un grain de blé ne fût resté dans Hameln et tous les habitants seraient morts de faim.

Voilà qu'un certain vendredi se présente devant le bourgmestre de la ville un grand homme, basané, sec, grands yeux, bouche fendue jusqu'aux oreilles, habillé d'un pourpoint rouge, avec un chapeau pointu, de grandes culottes garnies de rubans, des bas gris et des souliers avec des rosettes couleur de feu. Il avait un petit sac de peau au côté.

(…) Il offrit au bourgmestre, moyennant cent ducats, de délivrer la ville du fléau qui la désolait. Vous pensez bien que le bourgmestre et les bourgeois y topèrent d'abord.

Aussitôt l'étranger tira de son sac une flûte de bronze et s'étant planté sur la place du marché, devant l'église, mais en lui tournant le dos.

(…) Il commença à jouer un air étrange et tel que jamais flûteur allemand n'en a joué. Voilà qu'en entendant cet air, de tous les greniers, de tous les trous de murs, de dessous les chevrons et les tuiles des toits, rats et souris, par centaines, par milliers, accoururent à lui.


000000000 20116493  Illustration sans le nom de l'auteur


L'étranger, toujours flûtant, s'achemina vers le Weser et là, ayant tiré ses chausses, il entra dans l'eau suivi de tous les rats de Hameln, qui furent aussitôt noyés. Il n'en restait plus qu'un seul dans toute la ville (…).

Le magicien, car c'en était un, demanda à un traînard, qui n'était pas encore entré dans le Weser, pourquoi Klauss, le rat blanc, n'était pas encore venu.

– Seigneur, répondit le rat, il est si vieux qu'il ne peut plus marcher.
– Va donc le chercher toi-même, répondit le magicien.

Et le rat de rebrousser chemin vers la ville, d'où il ne tarda pas à revenir avec un vieux gros rat blanc, si vieux, si vieux, qu'il ne pouvait pas se traîner. Les deux rats, le plus jeune tirant le vieux par la queue, entrèrent tous les deux dans le Weser et se noyèrent comme leurs camarades.

Ainsi la ville en fut purgée.

Mais, quand l'étranger se présenta à l'hôtel de ville pour toucher la récompense promise, le bourgmestre et les bourgeois, réfléchissant qu'ils n'avaient plus rien à craindre des rats et s'imaginant qu'ils auraient bon marché d'un homme sans protecteurs, n'eurent pas honte de lui offrir dix ducats, au lieu des cent qu'ils avaient promis.

L'étranger réclama et on le renvoya bien loin.

Il menaça alors de se faire payer plus cher s'ils ne maintenaient leur marché au pied de la lettre.

Les bourgeois firent de grands éclats de rire à cette menace et le mirent à la porte de l'hôtel de ville, l'appelant beau preneur de rats ! Injure que répétèrent les enfants de la ville en le suivant par les rues jusqu'à la Porte-Neuve.

Le vendredi suivant, à l'heure de midi, l'étranger reparut sur la place du marché, mais cette fois avec un chapeau de couleur de pourpre, retroussé d'une façon toute bizarre. Il tira de son sac une flûte bien différente de la première et dès qu'il eut commencé d'en jouer, tous les garçons de la ville, depuis six jusqu'à quinze ans, le suivirent et sortirent de la ville avec lui.

(…) Ils le suivirent jusqu'à la montagne de Koppenberg, auprès d'une caverne qui est maintenant bouchée.

Le joueur de flûte entra dans la caverne et tous les enfants avec lui.

On entendit quelque temps le son de la flûte puis il diminua peu à peu.

Enfin on n'entendit plus rien.

Les enfants avaient disparu et depuis lors on n'en eut jamais de nouvelles.

Cornacchia Le Theatre Des Sucreries-copie-1Illustration de Cornacchia


Bonus, une version différente de ce conte et en images










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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 01:11

Une petite histoire qui aurait trés bien pu inspirer Jean Cocteau pour faire "la belle et la bête"

belle et la bête

Il y a bien, bien longtemps vivaient une reine et un roi qui avaient trois filles. L'aînée était belle, la seconde encore plus, quant à la troisième, elle était plus ravissante que les astres du ciel. Elle s'appelait Psyché.

Les gens venaient de pays très lointains, traversaient des mers, escaladaient des montagnes dans le seul but de l'admirer. Lorsqu'elle sortait du palais, ils la regardaient avec émerveillement et s'écriaient

« C'est la déesse de la beauté et de l'amour, Aphrodite, qui a quitté l'Olympe pour venir nous voir. Aucun enfant de parents humains ne pourrait être aussi belle » disaient les uns.

« Oh non » prétendaient d'autres, « ce n'est pas la divine Aphrodite. C'est une nouvelle déesse qui la surpasse en beauté et en puissance »

Et ils se prosternaient, l'adoraient, lui offraient des sacrifices. Lorsque Psyché marchait dans la rue, celle-ci s'animait comme pour une fête et son chemin était jonché de fleurs.

Pendant ce temps les temples consacrés à Aphrodite étaient désertés par les fidèles. Les araignées y tissaient leur toile, la cendre sur les autels était depuis longtemps refroidie et personne n'immolait plus de victimes à la déesse déchue. Les marches des sanctuaires se recouvraient peu à peu de mousse et de mauvaises herbes. Tous étaient occupés à adorer Psyché et oubliaient Aphrodite.

Voyant sa renommée en péril, celle-ci ne put supporter une telle humiliation et convoqua son fils, Eros, pour l'aider à punir la folle princesse. Le fils ailé de la déesse s'envola aussitôt pour la rejoindre. Sa main droite tenait un arc et il portait sur son dos un carquois rempli de flèches. Celles-ci, bien qu'invisibles à l’œil humain, atteignaient à coup sûr la victime choisie et la blessaient d'amour. Or l'amour, s'il procurait à certains un bonheur ineffable, pouvait être aussi source de grands malheurs.

« Mon enfant » dit Aphrodite, « il y a sur la terre une princesse du nom de Psyché. Elle est assez impudente pour se permettre de se faire adorer telle une déesse. Tu vas m'aider à la châtier en transperçant son cœur d'une flèche. Mais celle-ci ne doit pas lui apporter la joie, bien au contraire. Je veux quelle épouse l'homme le plus mauvais qu'elle pourra rencontrer. Personne ne s'occupera plus d'elle lorsqu'elle sera malheureuse et humiliée. Le feu sacré s'élèvera à nouveau sur mes autels et le parfum des sacrifices s'élèvera jusqu'aux cieux »

Eros acquiesça et s’envola pour accomplir la volonté maternelle. Il se cacha au sommet d'un arbre devant le palais royal et prit une flèche dans son carquois. Tout autour de la demeure seigneuriale s'étaient rassemblés des pèlerins qui attendaient la sortie de la ravissante princesse.

Elle apparut bientôt, rayonnante de beauté comme un arc-en-ciel. La main d'Eros qui tenait l'arc retomba et il regarda Psyché avec admiration. Puis il remit la flèche dans le carquois et s'envola. C'était la première fois qu'il désobéissait à sa mère Aphrodite.

Or, bien qu'elle soit révérée par tous, Psyché n'était pas heureuse. Ses sœurs, moins jolies qu'elle, étaient déjà mariées et étaient parties avec leurs époux. Mais personne n'osait faire la cour à une si jolie princesse.

belle-et-bete-3

Aussi le roi pensait-il que c'était là une punition des dieux et c'est pourquoi il demanda à l'oracle ce qu'il fallait faire.

Voici ce qui lui fut répondu

« Habille Psyché de vêtements funéraires, ce sera sa parure de mariage. Emmène-la au sommet de la falaise qui est derrière le palais. C'est là que son fiancé viendra la chercher : ce n'est pas un être humain et il sait des choses terribles »

C'est en pleurant que le roi accueillit cette prédiction. Sa fille préférée n'était donc pas née pour l'amour humain et un monstre allait s'en emparer sur la falaise ! Pourtant il n'osa pas désobéir à la volonté des dieux.

Il prépara donc une fête funèbre, convoqua des musiciens et leur ordonna de jouer leurs airs les plus tristes, puis il vêtit sa fille comme s'il allait l'enterrer. Lorsque la lumière des torches se fut éteinte et que le silence fut revenu, Psyché sortit du palais pour la dernière fois.

Le roi, la reine et tout le peuple, en larmes, l'accompagnèrent jusqu'à l'endroit fatal.

Elle gravit la falaise seule et s'assit en pleurant d'angoisse tandis qu'un gros nuage noir l'enveloppait. C'est alors que Zéphyr, le vent d'Ouest, repoussa soudain la nuée et, prenant tendrement la princesse dans ses bras, la fit descendre dans une vallée embaumée parsemée de fleurs et d'herbes veloutées. Il essuya ses larmes et Psyché regarda autour d'elle.

belle-et-la-bete-1

Elle vit un bois dont les arbres murmuraient doucement et une source limpide qui scintillait dans leur ombre. Non loin de là s'élevait un somptueux palais aux murs d'argent et au toit fait d'or et d'ivoire.

La jeune fille s'en approcha timidement. Les grandes portes étaient ouvertes et laissaient apercevoir les rayons multicolores des parquets, incrustés de pierres précieuses.

« Qui donc peut habiter un palais aussi splendide ? » se demandait Psyché. Elle gravit la première marche de l'escalier, puis la seconde, puis la troisième. Rassurée, elle courut jusqu'en haut du perron risqua un coup d’œil à l'intérieur et entra dans la demeure.

Elle traversa plusieurs pièces vides sans apercevoir âme qui vive et, tandis qu'elle admirait les vases précieux et les statues de marbre, elle entendit la voix d'un être invisible

« Sois la bienvenue dans mon domaine, Psyché. Tout ce que tu vois t'appartient aussi à partir d'aujourd'hui. Si tu as le moindre désir exprime-le et mes serviteurs se feront une joie de l'accomplir »      

La princesse souhaita prendre un bain et aussitôt elle fut transportée dans un bassin d'eau parfumée. Après quoi elle trouva une table couverte des mets et des boissons les plus raffinés. Lorsqu'elle eut fini de dîner, un chanteur et des musiciens invisibles la surprirent et la charmèrent. Elle écouta les douces mélodies jusqu'à ce que ses yeux se ferment de fatigue. Alors elle trouva dans la pièce suivante un lit accueillant.

Elle se coucha épuisée mais ne put s'endormir tant elle était intriguée par le merveilleux palais et par l'époux promis par l'oracle. Puis elle pensa à ses parents qui devaient être fort inquiets.

L'obscurité tomba et ce fut la nuit. Dans le noir elle entendit le bruit d'une respiration. Quelqu'un, qu'elle ne pouvait pas voir, s'approchait de sa couche et, lorsqu'il fut tout près d'elle, il lui adressa la parole

« Je suis ton mari, Psyché. N'aie pas peur de moi. Tu ne manqueras de rien. Mes serviteurs invisibles s'occuperont de tout. Mais tu ne devras jamais apercevoir mon visage. C'est pour cela que je te rejoindrai seulement le soir et ce n'est que dans l'ombre que tu pourras me parler »

La voix de l'étrange époux était si charmante et si tranquille que la princesse cessa d'avoir peur. Elle promit qu'elle n'essaierait pas de voir son mari et qu'elle lui serait fidèle.

Pendant des journées entières Psyché vécut toute seule.

Elle parcourait la riche demeure et la seule joie qu'elle connaissait était de rencontrer son époux la nuit.

Le roi et la reine auraient aimé avoir des nouvelles de leur fille. Ils se remémoraient l'affreux présage et supposaient qu'elle avait dû être emportée par un dragon. Ses sœurs, qui avaient entendu parler du triste destin de leur cadette, étaient venues réconforter leurs parents.

Ce soir-là, le mari inconnu dit à Psyché

« Ma chérie, un grand danger te guette. Demain tes sœurs graviront la falaise et se mettront à t'appeler en pleurant et en gémissant. Sans doute tu les entendras mais il ne faut absolument pas que tu leur répondes »

La jeune femme se souvint alors de son pays natal. Elle se mit à verser d'abondantes larmes et supplia son époux de lui permettre d'inviter ses sœurs.

Elle leur dirait qu'elle allait bien et ainsi son père et sa mère seraient rassurés sur son sort.

Elle insista tellement qu'à la fin son mari céda. Il lui permit même de leur faire des cadeaux mais lui défendit de dire la vérité à son sujet.

Psyché le remercia et lui renouvela sa promesse de ne pas parler de l'invisible étranger. Elle avait hâte d'être au lendemain et de revoir ses sœurs après une aussi longue séparation.

Le jour se leva enfin. Les sœurs demandèrent le chemin qui menait en haut de la falaise et allèrent jusqu'au sommet. Là, elles se mirent à gémir, à se lamenter et à appeler Psyché par son nom. Celle-ci les entendit et envoya le vent d'Ouest pour qu'il les ramène au palais. Zéphyr étendit ses ailes translucides et les fit descendre toutes les deux dans la vallée.

La jeune princesse les embrassa en riant gaiement, les assourdissant de questions et de bavardages. Les sœurs se réjouirent de même, mais devant la magnifique demeure, elles n'eurent qu'un sourire. Et lorsque leur cadette leur eut fait visiter les chambres aux boiseries incrustées de pierres précieuses, elles cessèrent même de sourire. Psyché ordonna à ses serviteurs invisibles de préparer un bain et de dresser les tables.

Les sœurs se baignèrent, goûtèrent des mets qu'elles n'avaient jamais mangés et burent des breuvages qu'elles n'avaient jamais bus.

Pâles d'envie, elles demandèrent

« Et quand nous montreras-tu ton mari ? »

La princesse, se souvenant des recommandations de son époux ne répondit pas, mais les jalouses la pressèrent de questions, se moquant d'elle et voulant la forcer à parler.

Psyché, souhaitant éviter la suite de l'interrogatoire, leur dit la première chose qui lui vint à l'esprit

« Il est jeune et passe ses journées à la chasse, c'est pourquoi vous ne pourrez pas le voir »

Puis elle se hâta de leur distribuer de l'or et des pierres précieuses et appela Zéphyr pour qu'il les ramène sur la terre.

Les sœurs emportèrent ces riches présents mais ceux-ci ne leur procurèrent aucun plaisir.

Elles enviaient leur cadette et leur jalousie était amère. L'aînée exprima ainsi sa vilaine pensée

« Je me demande si Psyché mérite de vivre dans un tel luxe et d'être servie par des serviteurs invisibles comme si elle était une déesse. Et moi, qu'ai-je donc ? Un misérable mari. Il pèse la moindre obole dix fois avant de la donner et il est tellement avare qu'il serait heureux de voir les poutres pourrir au-dessus de sa tête plutôt que d'en mettre des neuves »

« Et que dis-tu du mien ? » rétorqua la seconde « Il est vieux et malade. Jamais il ne va chasser. La maison tout entière sent les médicaments et les tisanes. Psyché, elle, est entourée de la suave odeur d'huiles et de parfums coûteux. Ne sommes-nous pas plus âgées qu'elle ? De quel droit aurait-elle tout et nous rien ? Nous ferions bien de ne pas raconter à nos parents ce que nous avons vu : pourquoi devrions-nous répandre l'histoire de son bonheur ? »

Ayant convenu de dissimuler ce qu'elles avaient appris, les sœurs rentrèrent au palais royal en faisant semblant de ne pas avoir retrouvé leur malheureuse cadette.

Dans le secret de leurs cœurs, elles ne pensaient qu'à faire du mal à la pauvre Psyché.

Celle-ci était très heureuse d'avoir résisté aux questions et de n'avoir pas dévoilé son secret. Lorsque l'obscurité fut venue, elle entendit à nouveau la voix de son époux, qui la félicita de son silence.

Mais il ajouta tristement

« Je me demande quand même si tu ne me trahiras pas à la seconde entrevue. Tes aînées t'envient et elles reviendront sûrement. Ne leur parle pas de ton mari et n'espère pas savoir qui je suis. Si tu me voyais une seule fois, tu me perdrais pour toujours et nous ne serions plus jamais réunis »

Une fois encore Psyché renouvela sa promesse. Ainsi que l'avait prédit l'inconnu, les envieuses créatures revinrent bientôt. Sans même attendre Zéphyr, elles se jetèrent dans le vide où le vent d'Ouest les rattrapa. Il les déposa à nouveau sur la prairie devant le palais.

Psyché les reçut avec joie, les fit souper et leur donna des cadeaux. Les sœurs se mirent à bavarder en racontant ce qui se passait sur terre.

« Tu aurais dû voir nos parents » mentaient-elles « Comme ils étaient contents de ton bonheur ! Et qui est son mari ? nous demandaient-ils. Nous ne l'avons pas vu, Psyché ne nous le montrera pas avant notre prochaine visite »

Oubliant l'histoire qu’elle avait inventée, la princesse s'écria

« Mais il n'est pas à la maison : il est assez âgé et il est toujours en voyage » Puis elle appela immédiatement Zéphyr et lui ordonna de reconduire ses sœurs.

Lorsque celles-ci furent rentrées chez elles, l'aînée s'exclama

« Comme c'est étrange, la dernière fois elle avait dit que son mari était jeune et, aujourd'hui, elle a dit qu'il était vieux. »

« Ou bien elle ne l'a jamais vu » dit la seconde « ou bien elle ment. Nous devons y retourner encore une fois pour apprendre la vérité »

Les deux envieuses passèrent la nuit au palais de leurs parents, attendant avec impatience le jour suivant.

Le lendemain, dès l'aurore, elles coururent au sommet de la falaise et Zéphyr les emporta. Elles avaient hâte de retrouver leur cadette.

« O chère Petite sœur, ô pauvre petite Psyché ! » s'écrièrent-elles en essayant de verser quelques larmes « tu ne sais pas ce qui t'attend : sais-tu seulement qui est ton mari ? L'oracle avait dit vrai, il n'est pas un être humain comme nous mais un horrible dragon »

La figure effrayée de la princesse la trahit. Elle n'avait donc jamais vu son mari.

Les horribles mégères soupçonnant son désarroi continuèrent leurs mensonges

« Des bergers l'ont vu tournoyer autour de la falaise » affirma la première.

« Il est effrayant. Un seul coup d’œil sur cette créature te rendrait malade » renchérit la seconde.

« Lorsqu'il t'aura bien nourrie il t'avalera sûrement » gémirent-elles ensemble. « Mais que dois-je faire ? » supplia Psyché attendant avec anxiété la réponse de ses aînées.

« N'aie pas peur, nous allons te conseiller » dirent les sœurs en la consolant hypocritement. « Allume une lampe à huile et cache-la sous ton lit. Cache la flamme sous un vase de façon que le monstre ne la remarque pas. Dissimule aussi un couteau pointu. Lorsqu'il se sera endormi, soulève la lampe pour l'apercevoir et tranche-lui aussitôt la tête avec le poignard. De cette façon, tu te libéreras de lui et ensuite nous nous occuperons de toi. Après tout, nous sommes tes plus proches parentes »

La princesse leur exprima sa gratitude et Zéphyr les emporta.

Toute bouleversée par ces révélations, elle prépara le couteau, la lampe et attendit la nuit.

Après cette attente, qui lui parut interminable, le soleil finit enfin sa course et le palais fut à nouveau plongé dans l'obscurité.

L'époux de Psyché revint au logis particulièrement fatigué et sitôt couché, il s'endormit.
Dès que sa respiration devint régulière, Psyché l'éclaira en tenant son arme de l'autre main. C'est alors que la lumière lui révéla l'identité de son mari. Elle avait sous les yeux le fils de la déesse Aphrodite lui-même.

Ses ailes dorées scintillaient à la lueur de la flamme. Il était si beau que Psyché poussa un profond soupir. La main qui portait la lampe trembla et une goutte d'huile brûlante tomba sur l'épaule du jeune dieu. Eros fut immédiatement réveillé par la douleur et il vit sa femme penchée sur lui. Sans un mot il se leva du lit et s'envola dans la nuit.

Belle-et-la-Bete


C'est en vain que la pauvre épouse l'appela et l'implora. Un silence mortel s'était abattu sur le palais et personne ne lui répondit. La princesse sortit en courant, trébucha sur les racines et les pierres, se blessa les jambes et les bras sur les ronces. Elle chercha Eros désespérément, essayant de percevoir le bruit de ses ailes. Mais la nuit était muette.

Pendant ce temps, le dieu blessé s'était réfugié chez sa mère et lui avait avoué son aventure.

« C'est bien fait pour toi » dit Aphrodite en colère « cela t'apprendra à m'obéir. Puisque tu n'as pas su la punir, je la punirai moi-même »

Eros resta chez la déesse : sa brûlure lui avait causé une forte fièvre. Quant à Psyché, elle continua à errer à la recherche de son mari, tourmentée par le remords et le désir de le revoir. Elle questionna les gens dans les villes, les bergers dans les pâturages et les pêcheurs sur les côtes.

Certains hochaient la tête avec sympathie, d'autres se moquaient d'elle et tous pensaient qu'elle était devenue folle car personne n'avait jamais vu Eros, bien que ses flèches aient touché à peu près tout le monde.

Après avoir marché longtemps, la malheureuse vint trouver sa sœur aînée et lui raconta son tragique destin.

Celle-ci fit semblant de la plaindre, mais dès que l'infortunée princesse fut partie, elle courut vers la falaise, l'escalada et appela Zéphyr

« Emmène-moi chez ton maître. Je peux être une meilleure épouse que Psyché.»

Et, disant ces mots, elle se jeta dans l'abîme. Mais le vent ne lui obéit pas et la jalouse créature fit une chute mortelle.

La pauvre Psyché fit aussi part de ses malheurs à sa seconde sœur. Elle prit une mine apitoyée mais sitôt sa cadette disparue, elle se hâta vers le sommet de la falaise en s'écriant

« Eros, viens prendre ta véritable femme, et toi, Zéphyr, emporte-moi ! » Aussitôt elle sauta dans le vide et connut le même sort que son aînée.

Pendant ce temps, les serviteurs de la déesse offensée avaient retrouvé l'imprudente princesse.

« Te voici donc ! » s'écrièrent-ils « Nous devons t'emmener chez notre maîtresse, Aphrodite. »

Psyché ne protesta pas car elle pensait ainsi revoir son mari dans sa demeure céleste. Lorsqu'ils arrivèrent au palais, Aphrodite jeta à Psyché un regard mauvais et lui dit

« Les hommes ne-te rendent-ils plus hommage comme à une véritable divinité ? Où est le peuple qui te comblait de cadeaux et qui t'offrait des sacrifices ? Mon fils est chez moi. Je l'ai soigneusement enfermé, aussi n'espère pas le revoir. Ta folle désobéissance l'a rendu malade »

Et la déesse ordonna à ses servantes de mélanger du froment, de l'orge, du millet, du pavot, des pois, des lentilles et des haricots. Puis elle fit asseoir sa prisonnière devant l'énorme tas des graines mélangées et dit

« Tu vas devoir abaisser ton orgueil devant cette tâche. Trie ce tas sans te tromper, je viendrai ce soir vérifier ton travail. S'il n'est pas achevé, tu seras cruellement punie »

Aphrodite partit et Psyché n'essaya même pas d'exécuter l'ordre de la déesse. Qui au monde aurait pu accomplir une telle tâche ? Elle vit avec chagrin tomber l'ombre du soir et se rapprocher le châtiment promis.

Mais une industrieuse petite fourmi traversa la pièce et prit la princesse en pitié. Elle alla chercher des amies et elles se partagèrent le travail. Elles vinrent tellement nombreuses que l'amas de graines disparut sous elles. Elles trièrent patiemment les semences et lorsque le soir fut venu la tâche était terminée.

En revenant d'un banquet de l'Olympe, Aphrodite, la tête couronnée de roses, vint narguer Psyché.

Quelle ne fut pas sa surprise et sa colère lorsqu'elle vit les sept tas bien rangés

« Ne crois surtout pas que tu as gagné » s'écria-t-elle « Tu n'as sûrement pas fait cela toute seule. Quelqu'un a eu pitié de toi et est venu t'aider. Tant pis pour toi »

Et elle lui lança un morceau de pain noir avant de l'enfermer à nouveau.

Le lendemain la déesse revint et, sans même regarder la jeune femme, elle ordonna

« Vois-tu ce pré ? Des moutons y paissent et leur pelage scintille comme de l'or. Vas-y et rapporte-moi une touffe de leur laine »

Psyché s'élança aussitôt, car la tâche qui lui était demandée lui semblait bien plus facile que la précédente. Comme elle courait le long de la rivière, les roseaux prirent pitié d'elle et lui chuchotèrent

« Ne te dépêche pas, ma belle. Le matin, les bêtes sont farouches et elles te tueraient en te piétinant de leurs sabots. Tu ferais mieux d'attendre jusqu'à midi : les moutons font alors un petit somme et tu pourras facilement ramasser des brins de laine accrochés aux buissons »

La princesse obéit à l'herbe et se cacha derrière un arbre. L'après-midi, profitant du sommeil du troupeau, elle ramassa la laine dorée et se hâta d'aller retrouve Aphrodite.

A sa vue, les yeux de la déesse étincelèrent.

« Ne crois pas » lui dit-elle une fois encore « que tu as gagné : tu as à nouveau reçu de l'aide. Nous verrons bien si tu arrives à accomplir le troisième travail. Voici une coupe de cristal. Rapporte-moi dedans de l'eau de la source noire. Elle jaillit de terre là-bas, près du sommet de cette montagne »

Psyché se hâta d'aller accomplir le souhait de la déesse. Elle escalada les roches glissantes jusqu'au sommet de la montagne de sous laquelle jaillissait la source noire.

Le désir de revoir Eros lui faisait franchir les obstacles les plus dangereux, et cet espoir, si elle arrivait à satisfaire Aphrodite, lui donnait la force de marcher à côté des précipices.

Elle s'approcha tellement de la source qu'elle pouvait entendre le grondement de l'eau se précipitant dans l'abîme. Là, elle se raidit de peur sans parvenir à faire le pas suivant. De monstrueux dragons soulevaient de terre leurs horribles gueules et regardaient Psyché de leurs yeux injectés de sang. C'est alors que de l'eau s'éleva une voix

« Va-t’en de là ! » criait-elle « Sois prudente sinon tu es perdue ! Cours ! » Psyché se mit à pleurer amèrement. Elle avait atteint son but et à présent elle n'osait pas remplir le vase.

Son chagrin et sa souffrance émurent un aigle. Il descendit des nuages et lui dit

« Comment as-tu pu imaginer que tu arriverais à accomplir une tâche aussi difficile ? L'eau de cette source noire tombe directement dans le monde inférieur, dans le royaume des morts, et aucun mortel ne pourra jamais en récolter la moindre goutte. Mais donne-moi ton récipient, je vais t'aider ! »

Sans nom1Illustration sans nom de l'auteur (pas trouvé)
   
La princesse tendit la coupe à l'oiseau qui la serra fermement dans son bec, plana bravement entre les monstres, récolta un peu d'eau et la rapporta à Psyché. Celle-ci remercia joyeusement l'aigle et courut rapporter son butin à Aphrodite. Sur le chemin elle prit bien garde de ne pas renverser la moindre goutte.

La déesse adressa à la jeune femme un sourire plein de fiel

« Tu sembles vraiment être une enchanteresse bien puissante. Mais j'ai encore un travail à te demander. Prends cette petite boîte et va au royaume des ombres. Donne-la à Perséphone et demande-lui d'y mettre un peu de baume pour mon fils. Puisque tu l'as brûlé, tâche au moins de le soulager. De toute façon, ne reviens pas sans la pommade »

C'est le cœur bien lourd que Psyché quitta le palais de la déesse.

« Seuls les morts peuvent rendre visite aux morts » pensait-elle « Ceux qui descendent dans les profondeurs n'en remontent jamais »

Pourtant la princesse désirait de tout son cœur rapporter l'onguent pour guérir la blessure de son mari.

« Il devait avoir mal » se disait-elle « peut-être gémissait-il ? » Le sang battait à ses tempes.

Pleine de confusion, elle cherchait le chemin le plus court qui l'amènerait aux Enfers.

Dans son agitation elle courut à une tour élevée.

« Je vais sauter et la mort m'emportera immédiatement dans le royaume des défunts » se dit-elle. Et forte de cette décision, elle se mit à gravir les marches de l'escalier.

Mais même les froides pierres peuvent s'émouvoir et, devant la détresse de Psyché, la tour s'éveilla et lui parla d'une voix humaine

« Arrête-toi, pauvre petite. Pourquoi veux-tu te détruire ? Si tu meurs, tu ne pourras plus jamais revenir dans le monde. Marche toujours vers l'Ouest jusqu'à ce que tu atteignes une grotte cachée dans des rochers noirs. Entres-y et traverse le sombre couloir qui mène aux Enfers. Mais tu ne dois pas partir les mains vides : prends avec toi deux gâteaux au miel et mets deux petites pièces d'argent dans ta bouche. Sur ta route, ne parle à personne. Jette un gâteau à Cerbère, le chien à trois têtes, et il te laissera passer. Lorsque tu auras atteint les bords du Styx, laisse Charon lui-même prendre une pièce de monnaie dans ta bouche. Le cadavre d'un vieil homme flottera sur l'eau et te suppliera, les bras tendus, de le faire monter dans ta barque. Ne fais pas attention à lui. N'aide personne sur ton chemin, tu pourrais ainsi perdre ton gâteau et plus jamais tu ne reverrais la lumière du jour. Quand Perséphone aura rempli la boite avec la pommade, ne l'ouvre pas. Rapporte-la fermée à Aphrodite. Au retour, offre une autre pièce à Charon et jette le deuxième gâteau au chien à trois têtes. Si tu suis très scrupuleusement tous mes conseils, ta mission sera couronnée de succès. »

Psyché remercia la tour et partit vers l'Ouest. De braves gens qu'elle rencontra lui donnèrent les deux gâteaux au miel et les deux petites pièces d'argent. Ainsi pourvue, elle arriva jusqu'à la grotte menant au monde inférieur. Suivant les directives de la tour, elle put revenir sur terre et son retour fut salué par le chant des oiseaux.

Le voyage se terminait bien. C'est alors que la curiosité, qui la tenaillait depuis longtemps, l'emporta.

« Si j'ouvre la boîte pour une seconde seulement, il ne m'arrivera rien » pensa-t-elle et aussitôt elle souleva le couvercle.

Malheureusement, ce n'était pas de l'onguent qu'il y avait dans la boîte mais le sommeil infernal de la Mort.

A peine avait-elle entrouvert le coffret que le sommeil s'échappait et la faisait tomber à terre, telle une défunte.


Ana CruzIllustration de Ana Cruz


Pendant ce temps, la blessure d'Eros s'était guérie et le jeune dieu commençait à s'ennuyer sans sa femme. Il la chercha partout, et la découvrit enfin, gisant sur le sol. Porté par ses ailes d'or, il se posa doucement auprès d'elle, effaça soigneusement le sommeil de la mort et le remit dans la boîte.

Puis il l'éveilla en la frappant doucement d'une flèche à l'épaule, et s'envola vers le palais de sa mère, où il voulait arriver avant le retour de Psyché. Dès qu'elle eut retrouvé ses esprits, celle-ci courut aussi rejoindre Aphrodite.

Eros supplia sa mère de pardonner à la jeune femme, mais la déesse restait inébranlable. Ce ne fut que grâce à l'intervention de Zeus qu'Aphrodite consentit à oublier l'affront dont elle voulait se venger.

Alors Zeus envoya Hermès pour qu'il ramène Psyché sur l'Olympe et il lui tendit lui-même une coupe de nectar divin pour la rendre immortelle.

Tous les dieux assistèrent au magnifique mariage et les Muses charmèrent tous les convives de leurs chants.

belle bete 6

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23 novembre 2011 3 23 /11 /novembre /2011 00:10

Suzanne van Pelt0Illustration de Suzanne van Pelt


Dans une région de Grèce appelée la Thrace vivait, il y a très longtemps, un fameux aède : Orphée. Il s'accompagnait avec une lyre et chantait si merveilleusement que personne ne pouvait résister à sa musique. Les oiseaux eux-mêmes l'écoutaient en silence et les animaux quittaient la forêt pour le suivre. Le loup trottait à côté de l'agneau, le renard suivait le lièvre, sans qu'aucun animal ne cherchât querelle à un autre. Même les serpents quittaient leurs trous et les pierres s'écartaient pour faire un chemin devant Orphée.


Ses chansons arrêtaient le cours des rivières et les poissons sortaient de l'eau pour l'écouter. Les hommes riaient ou pleuraient, selon que son chant était gai ou triste. Ils oubliaient tous leurs soucis. Les dieux, attirés eux aussi par la voix d'Orphée, se rendaient en suivant la Voie Lactée aux endroits où il chantait.

De même les naïades quittèrent les vagues dès qu'elles entendirent les sons mélodieux. Orphée tomba amoureux de l'une d'elles, l'emmena avec lui et l'épousa. La nymphe Eurydice était aussi jolie que ses chansons et pendant quelque temps ils vécurent très heureux.

Un jour, Orphée dut s'absenter et Eurydice resta seule. Dans sa solitude lui vint la nostalgie des prairies vertes et douces où murmuraient les rivières et les sources. Là-bas dans les eaux scintillantes, vivaient ses sœurs les naïades. Eurydice pensait souvent à elles, aussi décida-t-elle de leur rendre visite. Elle partit en courant de chez elle, tant elle était pressée de les surprendre. Elle se hâtait par les raccourcis quand, soudain, elle ressentit une douleur aiguë au pied, qui inonda bientôt tout son corps. A terre, elle aperçut un serpent venimeux qui rampait dans l'herbe. Elle tomba évanouie dans l'herbe. La morsure était mortelle, son cœur cessa de battre. Eurydice était morte et ni les pleurs de ses sœurs, ni le désespoir d'Orphée, qui était accouru, ne purent la ramener à la vie.

Suzanne van PeltIllustration de Suzanne van Pelt



Orphée enterra Eurydice et, avec elle, toutes ses chansons gaies. Tristement il erra par le monde, et ceux qui écoutaient ses nouvelles paroles avaient le visage ruisselant de larmes. Les feuilles des arbres soupiraient et les bêtes sauvages, les yeux humides, sortaient des profondeurs des forêts.

Orphée ne trouva la paix nulle part sur terre : il ne cessait de penser à Eurydice et à la joie qu'il avait perdue. Le temps n'adoucissait pas sa peine. Aussi, après sa longue marche, il décida de descendre sous terre, dans le monde inférieur où s'étendait l'ombre de la mort. Le dieu Hadès et sa femme Perséphone gouvernaient ce royaume des âmes des défunts.

Orphée voulait convaincre les dieux des Enfers de lui rendre son Eurydice, de lui permettre d'enfreindre la loi de la mort en la laissant revivre sur terre. Il marcha vers l'Ouest, car c'était là que se trouvait, cachée sous de noirs rochers, l'entrée du royaume. Il s'avançait inlassablement, mais, ne trouvant rien, crut avoir perdu son chemin et se mit à chanter tristement son amour pour Eurydice.

Les arbres eux-mêmes furent émus. Ils lui montrèrent le chemin avec leurs branches et l'herbe, saisie de pitié, courba ses brins dans la direction du monde des ténèbres.

Enfin, Orphée vit une rangée de cyprès immobiles et un amoncellement de noirs rochers disparaissant presque dans un épais brouillard gris. Il pénétra dans ce nuage de mort. Soudain, trois paires d'yeux flamboyants scintillèrent devant lui et un aboiement sauvage retentit. C'était Cerbère, le chien à trois têtes, l'effrayant gardien des portes du royaume, capable de reconnaître l'odeur des vivants. Orphée se mit à chanter et les trois gueules ensanglantées se turent. Le gigantesque chien se coucha et laissa passer Orphée. Tout en chantant, celui-ci descendit un sentier escarpé, évitant les endroits d'où jaillissaient des flammes, bien qu'en l'entendant les flammes elles-mêmes se soient raidies et aient perdu de leur éclat.

L'intrépide voyageur se joignit à la foule silencieuse des ombres qui se pressaient sur les rives du Styx. Bientôt apparut la barque menée par le vieux Charon pour faire traverser le fleuve aux silhouettes grises. Orphée sauta à leur suite dans le bateau mais Charon l'aperçut et refusa de l'emmener sur l'autre rive. Le malheureux Orphée se mit à chanter et fit pleurer le vieux nocher qui ne put se résoudre à l'abandonner. La barque fit la traversée et les âmes des morts allèrent se faire juger. Orphée, lui, partit à la recherche du roi du monde des profondeurs.

Il traversa une prairie hantée par les ombres de ceux qui, durant leur vie, n'avaient été ni bons ni mauvais. Il vit la région bénie des champs Elysées où se réjouissaient les âmes des hommes de bien et il finit par arriver dans le lugubre Tartare. Les morts s'y repentaient de leurs mauvaises actions dans la souffrance et la torture. Sur le passage d'Orphée, la douleur disparaissait au son de sa voix. Les âmes tourmentées oubliaient leur peine en écoutant son chant. L'ombre du roi Tantale ne pensait plus à l'éternelle faim et à l'éternelle soif auxquelles les dieux l'avaient condamné. Celle de Sisyphe se reposait un moment de son vain travail, qui était de pousser un rocher au sommet d'une colline pour le voir ensuite dévaler la pente... et recommencer éternellement.

Au milieu de ce royaume, assis sur un trône noir, on pouvait voir le roi du monde souterrain, l'impitoyable Hadès. Ses cheveux noirs tombaient sur son front et ses yeux froids brillaient dans sa figure blanche. Perséphone était à ses côtés, sa face blanche émergeant d'un vêtement noir, telle la lune pâle qui apparaît derrière un nuage. Cette vision fit trembler Orphée, mais son amour fut plus fort que sa peur et il se mit à chanter devant les souverains.

Il raconta son amour pour Eurydice et la mort qui l'avait fauchée en pleine jeunesse. Il dit sa peine et son immense chagrin, puis supplia les dieux de lui rendre sa femme. De toutes manières, nul n'échappe au dernier voyage, et ils reviendraient un jour, ensemble, au royaume des morts.

Émus, Hadès et Perséphone écoutèrent son chant.

"J'exaucerai ton vœu" dit le roi quand Orphée eut fini de chanter "Eurydice peut retourner parmi les vivants. Mais ne te retourne pas pour voir ta femme tant que tu n'auras pas quitté le royaume des ombres. Si tu la regardes avant d'atteindre la surface, elle retournera dans les ténèbres et disparaîtra pour toujours."

Orphée remercia chaleureusement, et, sur l'ordre du dieu Hadès, l'ombre d'Eurydice s'approcha doucement pour suivre son mari.

Ils empruntèrent le sentier qui accédait à la terre et remontèrent dans la barque de Charon pour traverser le Styx.

Tous deux, ils s'avancèrent à travers une zone où régnait un silence impressionnant. Orphée marchait devant, essayant d'entendre le pas d'Eurydice. Comme il ne pouvait percevoir aucun bruit, il fut saisi d'une crainte terrible. Il pensa qu'Eurydice avait pu tomber, qu'elle avait pu perdre son chemin ou avoir été frappée par un diabolique coup du sort.

Tout à sa peur, Orphée oublia sa promesse et se retourna. L'image d'Eurydice se brouilla devant ses yeux et sa femme bien-aimée mourut une seconde fois. Comme un dernier baiser, une brise légère toucha le front d'Orphée, le laissant pétrifié d'horreur, tout seul sur le sentier, entouré de silence. Le désespoir submergea Orphée, il courut comme un fou au bas du sentier en appelant Eurydice. Mais ce fut en vain, cette fois, qu'il supplia le nocher de lui faire traverser le fleuve.

Pendant sept jours, Orphée erra le long du Styx, espérant pénétrer encore dans le royaume des morts. Sept jours, il vécut de ses seules larmes, en vain. Tristement il revint sur terre et se réfugia dans une région montagneuse désolée. Il chanta son malheur aux rochers et au vent. Les arbres des vallées l'entendirent et se mirent en mouvement au son de sa voix. Avant qu'il ait fini, un épais buisson l'entourait. La nudité de la montagne s'était recouverte du vert des fourrés et des oiseaux sauvages, suivis d'autres animaux, élisaient domiciles dans la nouvelle forêt. Sa chanson atteignait même, grâce au vent, les habitations des hommes, qui, l'entendant, l'écoutaient avec sympathie.

Lauren K CANNONIllustration de Lauren K CANNON


Pendant ce temps, un groupe de Ménades, prêtresses de Dionysos, dieu du vin et de la vigne, se promenaient à travers la campagne. Ivres et à moitié folles, ces femmes surgirent dans le bosquet où Orphée exhalait sa plainte. Ses lamentations mirent en colère les exubérantes prêtresses, et l'une d'elles lui jeta son thyrse, bâton entouré de feuilles de vigne, tandis qu'une autre le visait avec une pierre.

Mais ni le thyrse ni la pierre n'atteignirent l'aède. Saisies de frénésie, les Ménades se mirent l'une après l'autre à ramasser et à lui jeter des pierres, et, sous leurs cris, la chanson d'Orphée faiblit. C'est seulement alors que les pierres atteignirent leur cible, prenant la couleur de son sang. Il cessa de chanter et il cessa de vivre. Quant aux Ménades, tout à leur œuvre démoniaque, elles massacrèrent aussi les animaux, encore sous le charme, qui entouraient Orphée.

L'annonce de la mort d'Orphée se répandit partout. Non seulement les hommes mais toute la nature furent en deuil. Les arbres perdirent leurs feuilles en témoignage de leur peine, les rochers pleurèrent et le niveau des eaux monta à cause de toutes les larmes versées. Les nymphes des forêts et des eaux dénouèrent leurs cheveux et mirent des vêtements noirs.

L'âme d'Orphée descendit dans le royaume des ténèbres. Cette fois, Charon ne lui refusa pas le passage. L'ombre d'Orphée rejoignait celle des autres morts. Orphée reconnut de loin son Eurydice et se hâta à sa rencontre. Il pourrait maintenant la regarder et même se retourner pour l'admirer : elle ne disparaîtrait plus.

Le dieu Dionysos ne laissa pas ce crime impuni. Il changea les jambes des Ménades en racines, leurs corps en troncs d'arbres et leurs branches furent à jamais secouées par le vent.

Les Muses, déesses de l'art et de la sagesse, enterrèrent le corps d'Orphée. Sa tête, arrachée par les Ménades, flotta avec sa lyre au fil des eaux du fleuve Hebros jusqu'à la mer, où elle atteignit l'île de Lesbos.

Depuis ce jour, les rossignols y chantent le plus merveilleusement du monde et l'île a vu naître des aèdes renommés ainsi que la fameuse poétesse Sapho. Comme elle descendait le cours de la rivière, la lyre d'Orphée continuait à jouer doucement et sa tête murmurait une chanson dont, pour la dernière fois, les eaux et les rives se faisaient l'écho.

C'est ainsi qu'aujourd'hui encore les rivières gardent le souvenir d'Orphée et chantent sa chanson.

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 12:36


Si vous avez des questions, mettez un commentaire et je rajouterai les nouveaux points sur cet article (à condition que je sache faire la manipulation bien sur).

Petit manuel personnel pour une prise en main rapide de votre premier blog. Le manuel n’étant pas assez précis pour moi sur ma première interrogation, je ne l’ai plus consulté par la suite.

Comme la présentation de ma page m’a pris une certaine énergie, j’écris ceci afin d'aider les personnes qui arrivent, fraiches et pimpantes, dans l’univers d’Over-blog (bref, pour ceux qui n’ont pas l’habitude de créer des blogs ici, certaines manipulations à faire pour obtenir un profil avec le minimum visible pour soi et les visiteurs ne sont pas si évidentes).

Ca me permettra aussi de faire une synthèse des manipulations entreprises à ce jour au cas où je les oublierais si je ne les répète pas souvent  (oui, je me méfie beaucoup de ma mémoire surtout que je marche à l’instinct donc pas de programmations supers élaborées derrière non plus et encore moins de la place disponible dans mon cerveau)

Pour commencer, en créant ce blog, je n’ai pas pu accéder directement à l’administrateur du réseau. Oui, j’avais des « coockies » (miam !!!) qui bloquaient mon accès. Alors, pendant les heures qui ont suivi la création de mon blog, je ne savais pas si je crée réellement une page ou si je travaillais dans le vide 

J’ai demandé plusieurs fois la confirmation de la création du blog mais je ne recevais aucuns mails  Je ne l’ai eu que le lendemain (ouf !!!! j’ai respiré, je ne travaillais pas pour rien en attendant)

Par quoi commencer.

Comment puis-je voir ma page en évolution ?

Je m’explique. Quand on met des articles et photos, on est sur l’administrateur. L’endroit n’est pas très folichon et on ne voit pas les répercussions de nos manipulations sur notre profil.

Donc, je vous conseille de cliquer sur votre pseudonyme, en haut sur la gauche, quand vous êtes sur l’administrateur. Une page s’ouvre tout en gardant l’administrateur ouvert. Je l’ai en permanence ouverte quand je viens bidouiller ici.

Pour voir les modifications, il faut « actualiser » cette nouvelle page. Je vous conseille d’attendre environ une minute après le changement que vous avez effectué et validé car parfois, il y a un délai pour que ça se répercute sur votre profil. Tant que vous ne voyez pas vos modifications sur cette page test, ne recommencez pas de nouvelles manipulations sur le même domaine afin de juger du réel rendu des premières évolutions que vous donnez à votre profil quand elles apparaitront. N’hésitez pas à « actualiser » plusieurs fois si nécessaire et faites cela tant qu’elles n’apparaissent pas.

Comment fait-on pour avoir les informations qu’on veut voir apparaitre sur notre page ?

Pour avoir les « modules » (hihi), il faut aller dans :

- Configurer

- Mise en page

- Les petits rectangles qui sont sur la droite sont les "modules". Ils apparaitront quand tu les auras alimenté (si il n’y a pas encore d’article, catégorie, photo etc, tu ne les verras pas sur la page, enfin, si ma mémoire ne me fait déjà pas défaut)

- Regarde aussi les modules que tu as sur la gauche (peut-être que certains qui ne sont pas encore sur la droite t'intéresseront et dans ce cas, fais les glisser du bon côté afin qu'ils apparaissent). D'office, des modules sont déjà sur la droite et si tu les juges inutiles, tu peux les supprimer en cliquant sur la croix. Tu peux aussi déplacer ces modules pour les mettres dans l'ordre que tu souhaites.   

00 Capture3


Comment mettre des liens vers les profils où on aime trainer ?

Les liens se mettent à l’étape précédente (module à faire glisser sur la droite si il n’y est pas encore).

Sur le module en question, tu vas voir trois petits dessins : un "I", un marteau et une croix. Pour mettre un lien vers un profil, il faut cliquer sur le marteau du module "liens" et rajouter le nom ainsi que l’adresse du profil (ouvre une fenêtre, va sur le profil en question, copie l'adresse et colle là sur le module => tu peux faire cela tout en restant sur la manipulation).

00 Capture4


Quand tu rentres plusieurs liens, tu peux les déplacer à cet endroit. Ferme et le tour est joué.

Comment met-on des photos ici ?        

    1) Va dans l’administrateur (tous les mouvements de ta page partent de là).

    2)  Après, tu vas dans « configurer » et « document » et tu arrives ici

    00 Capture

    
3) Ajoute un dossier et complète les informations qu’on te demande. A titre informatif, on ne peut renommer les dossiers une fois crées, il faudra les supprimer et recharger les photos si le nom ne te plait plus (dommage). 
4) Ensuite va sur ce dossier et ajoute tes images

    00 Capture2

     5) Transforme ce dossier en album (en gris sur la gauche)  

    6) Une fois que tu as fait cela, vérifie sur « configurer » et « mise en page » que « l’album photos » est bien sur la partie droite. Ca peut-être fait avant ou après la création des albums et en faisant cette manipulation, tu incorpores sur la partie visible de ton profil tes albums comme tu as du le faire pour les liens si ils n’étaient pas déjà à cette place.

00 Capture3

Le design !!!  

Toujours dans « configurer » mais « design », tu choisis le thème prédéfini, visualise le puis l’appliquer si il te convient.  

Va ensuite sur « personnaliser votre thème » et modifie les paramètres de couleurs, de tailles et de polices. Pour finir, valide tes changements.  

La bannière !!!!!!!!!!

    00 Capture3

Regarde le dessin, en haut, là où il y a mon pseudonyme. C’est un « texte libre » que est personnalisé.  

En cliquant sur le marteau, on peut mettre le titre du blog (pseudo) du texte ou une BANNIERE sur laquelle on peut même mettre à nouveau un texte si on le désire !!!

00 Capture5

 

Voila, pour l'instant, je m'arrête là et si vous avez des questions ou des demandes, n'hésitez pas, je mettrai à jour ce texte pour qu'il soit vraiment utile

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19 novembre 2011 6 19 /11 /novembre /2011 01:47

Yes !!!! Bon, ce n'est pas du grand art, j'en suis consciente, mais elle est entière 

Je ne pouvais pas la mettre plus grande car elle était coupée sur le côté droit et du coup, c'était encore pire que lorsqu'il manquait le bas

C'était tout bête en fait mais voyez-vous, en bidouillant, on passe par des chemin parfois plus compliqués même si ils nous semblent évident sur le moment

Donc, nuit productive !!!

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17 novembre 2011 4 17 /11 /novembre /2011 23:45

J'ai déplacé l'espace visiteur.
Vous le trouverez maintenant au dessous de ma présentation.
Vous pouvez continuer à m'écrire à cet endroit, je ne manquerais pas de vous répondre

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